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L’invisible transfusion

Les connaissances scientifiques concernant le fonctionnement de l’organisme humain sont de nos jours toujours incomplètes. Les médecins sont démunis face aux nombreux cas de maladies d’étiologie inconnue. Les recherches dans le domaine de la prévention doivent se poursuivre. Une hypothèse pertinente sur les causes des maladies chroniques a été élaborée, sans être encore validée par l’ensemble des scientifiques : l’exposition par l’individu à certaines molécules chimiques provenant d’un autre être humain.

Cette hypothèse est décrite dans le livre de Jerzy Grzeszczuk* qui explique certains processus biochimiques méconnus qui se produisent dans l’organisme humain. L’auteur dévoile notamment la capacité de sécréter des antigènes de groupes sanguins.

Cet aspect de l’immunité humaine est encore peu connu des médecins mais certains d’entre eux considèrent qu’il mérite d’être pris en compte dans le but de poser les bons diagnostics et de proposer des traitements efficaces.

Il est nécessaire de comprendre que la plupart des maladies qu’on soigne sont provoquées par l’affaiblissement du système immunitaire. Le système immunitaire décrit comme « suractif » ou désorienté n’est en fait que moins performant car tout simplement surchargé par la tâche.

On sait aujourd’hui que l’organisme se défend contre les pathogènes en déclenchant la production d’anticorps. Les pathogènes sont des substances étrangères, reconnues par l’organisme donné comme « non-soi », et elles deviennent la cible d’attaques de la part de l’organisme qui tente de les neutraliser.

Ces substances étrangères peuvent provenir de diverses sources, comme des animaux, des plantes, des micro-organismes mais aussi des humains ! L’exemple le plus évident est le sang, c’est pourquoi on vérifie la compatibilité sanguine avant l’acte de transfusion. On sait que des antigènes de groupes sanguins circulent dans le sang, mais on a découvert aussi que l’organisme de la majorité des gens produit des antigènes trouvables dans leurs liquides corporels, tels que la sueur, les larmes, le liquide amniotique, et majoritairement dans la salive et le sperme.

Ces antigènes sont solubles dans l’eau et peuvent être dispersés dans l’environnement, par exemple dans l’air ambiant. Ces antigènes de groupes sanguins, appelés haptènes, n’entrainent pas de réaction immunitaire par-eux-mêmes mais ils deviennent immunogènes (provoquent une réaction immunitaire) dans un organisme étranger (celui d’un autre individu) après s’être liés aux autres substances organiques présentes sur les parois cellulaires.

Ces antigènes, ou haptènes, peuvent pénétrer dans un autre organisme avec l’air inspiré, par le système digestif ou par les voies génitales, et provoquer une réaction immunitaire dans l’organisme de la personne dont le groupe sanguin est incompatible.

Etant donné que ce sont des substances de groupes sanguins, ces réactions ressemblent à une transfusion invisible. Ces réactions risquent de causer des dommages dans divers tissus. Les contacts répétés ou l’exposition prolongée aux haptènes humains peuvent conduire à l’apparition de certaines maladies allergiques, maladies auto-immunes, telles que la sclérose en plaque, maladies cardio-vasculaires, conflits sérologiques mère/fœtus, et d’autres.

Ce phénomène biochimique n’est pas rare car l’organisme de 80% des humains sécrète des antigènes de groupes sanguins dans leurs sécrétions et leurs liquides corporels, qui se diffusent ensuite dans l’environnement. Ces individus sont dits sécréteurs (en anglais Secretors). Ils sont dotés d’une enzyme de sécrétion active, appelée fucosyltransférase (abrégée FUT-2). Dans l’organisme d’environ 20% des individus cette enzyme est inactive : ils sont non-sécréteurs (Non-Secretors), et ils ne diffusent pas leurs haptènes dans l’environnement.

Quel rôle a le statut de sécréteur pour la santé humaine ?

On peut répondre sans hésiter que ce rôle est considérable. Les individus non-sécréteurs courent plus de risque pour leur santé. Le statut de non-sécréteur prédispose à de nombreux problèmes de santé : des dysfonctionnements du système digestif (intestin irritable, maladie de Crohn), des maladies infectieuses, une plus faible capacité d’assimilation des vitamines (notamment B12), une plus faible élimination des substances toxiques, et un système immunitaire moins performant.

L’enzyme FUT-2 détermine les forces défensives de l’organisme. L’organisme des sécréteurs est mieux armé grâce l’activité de l’enzyme FUT-2 qui rend possible la production de mucus protecteur contenant des molécules de fucosyllactose. Le fucosyllactose empêche l’adhésion et la colonisation des pathogènes dans les parois des intestins en les tenant à distance, ce qui facilite leur neutralisation.

De plus, en tant que prébiotique, le fucosyllactose stimule la croissance de bonnes bactéries (bifidobactéries et autres de ce type), nécessaires pour une digestion correcte. Un microbiote intestinal équilibré crée une barrière solide et a un impact positif sur l’immunité de tout l’organisme. Un microbiote intestinal en pleine forme est l’élément clé de la santé physique et psychique de l’homme.

Le fucosyllactose est présent dans le lait maternel des femmes qui ont la chance d’avoir hérité du gène sécréteur FUT-2, permettant d’assurer au nourrisson un aliment idéal. Les bébés des femmes non-sécrétrices, dont le lait est dépourvu de fucosyllactose, ont la possibilité d’utiliser un nouveau lait infantile pour nourrissons enrichi en fucosyllactose ( approuvé récemment par l’Union Européenne et FDA).

On voit donc que l’organisme sécréteur est dans une situation privilégiée par rapport à l’organisme qui a hérité d’une mutation génétique défavorable.

Les personnes ayant le statut non-sécréteur peuvent néanmoins se prémunir de certains problèmes de santé après avoir pris conscience de l’existence de ce phénomène biologique. En prévention, elles peuvent par exemple pratiquer une aération efficace des lieux de vie pour évacuer des haptènes nocifs, faire chambre à part, etc. Elles ont l’intérêt à renforcer leur organisme par une bonne hygiène de vie, une alimentation de préférence biologique et une supplémentation en vitamines et enzymes digestives. Il existe aussi un complément alimentaire à base de fucosyllactose qui agit sur l’équilibre du microbiote intestinal. Les non-sécréteurs ont donc des solutions simples pour prendre leur santé en main.


(*) « L’interaction des antigènes d’origine humaine », Jerzy Grzeszczuk.

Pour des lecteurs intéressés par le point de vue biochimique, voici quelques notions techniques supplémentaires :

L’enzyme de sécrétion, FUT-2, participe à la synthèse d’antigènes « H » dans les cellules autres que les cellules sanguines, comme les parois des muqueuses, c’est pourquoi on la retrouve dans la salive chez les sécréteurs. La capacité de sécrétion ne dépend pas du groupe sanguin. Par exemple, l’individu du groupe sanguin « A » est sécréteur si le gène codant la synthèse de l’enzyme FUT-2 est dominant. A l’inverse, il est non-sécréteur si le gène est récessif et l’enzyme est inactive.

Tout un chacun pourra se demander comment savoir à quel groupe, sécréteur ou non-sécréteur il appartient. Il est possible de connaître son statut de sécrétion par :

  1. L’analyse de la salive (dans quelques laboratoires d’analyses médicales);
  2. L’analyse du système LEWIS à partir d’un échantillon de sang (prise de sang) dans n’importe quel laboratoire d’analyses médicales.

Explications :

Le système LEWIS comporte deux antigènes principaux : Lea et Le b. L’antigène Le b est formé dans les cellules où est présente l’enzyme de sécrétion, FUT-2 qui produit l’antigène « H », le substrat pour la production de Le b. Autrement dit, la présence de Le b+ dans l’organisme signifie que l’individu est sécréteur.

Le résultat de l’analyse de sang peut se présenter ainsi :

  • Le (a-b+) – l’individu est sécréteur
  • Le (a+b-) – l’individu est non-sécréteur

Il existe aussi le phénotype Le (a-b-) et Le (a+b+), surtout en Asie, sur des îles de Pacifique et chez les aborigènes en Australie, et qu’on peut détecter par des analyses spécifiques.